22.4.08

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c'était très simple...journée de portes ouvertes partout l'école.
s'il fallait ouvrir et montrer nos ateliers...
si je considère tout espace comme espace de réflexion et de travail...et en tout moment...
bref...j'ai bien ouvert mon atelier, pendant deux heures, pour les gens. dommage que personne n'est pas resté un moment à mon cote pour en discuter!!!!

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pendant un séjour au brésil, dans la ville de recife, j’ai présenté
un projet pour le musée d’art moderne, mamam, qui faisait un
appel aux projets. finalement, des gens du centre d’art
contemporain de recife se sont montrés enthousiastes pour sa
réalisation. en route…
transfigurer le banal. l’idée, c’est de détourner le budget artistique
acquis, destiné à la réalisation d’une œuvre, pour acheter des
matériaux de construction qui seront ensuite échangés par les
cartons et les planches du bois que les gens des favelas utilisent
pour revêtir ces maisons.
puis, recouvrir la façade du musée avec tout ce qui je pourrais
échanger dans les favelas.
je propose un questionnement et une invitation au débat sur la
précarité des institutions culturelles et politiques, face à la vraie
situation du public qui n’a pas accès à l’art, surtout dans les pays
d’amerique du sud.
démocratiser l’art en commencant par le dialogue. Cette
proposition serait accompagnée des débats et conférences sur
ce sujet, entre les différentes structures et acteurs de l’art
contemporain.
pendant la période d’exposition, cette pièce se présenterait
dehors le centre culturel, 24 heures en contact avec le public,
restant vide l’intérieur du centre d’art.
étant le spectateur celui qui active la pièce d’art, c’est important
qu’il garde une confrontation jour et nuit avec cette proposition.
ce n’est pas seulement une altération du paysage urbain habituel
mais une autre perception qu’on peut avoir du musée.

26.3.08

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de la gratuité:
la culture de la gratuité est associée a l'envers du marché, à un mode alternatif de penser les échanges.
dans mon esprit et espoir, s'il y a un truc qui peut empêcher le système capitaliste de tout absorber, ça doit être la gratuité. on peut l'imaginer comme un spectre qui hante ce système, pouvant devenir une norme au lieu d'une anomalie.
et pour ça il faut souligner l'importance du don.
avec internet, un nouveau marché se développe, avec l'échange des fichiers, avec des logiciels gratuits, avec le streaming, avec la numérisation au fait. mais dans ce monde immatériel bien sûr que ça peut marcher.
maintenant il faut l'appliquer dans le réel, dans notre monde matériel. et déjà il faut rendre la valeur des choses à zéro aussi. il faudrait annuler la monnaie et s'éloigner de l'idée monétaire du monde.
est-il possible?
je teste.

de la proposition meta:
alors, mon idée c'était d'offrir aux gens des billets pour aller voir une pièce théâtrale.
dans un premier temps, je voulais détourner la fonctionnalité d'un budget artistique pour faire des dons. donc une somme d'argent dont j'avais droit à toucher n'a pas trouve sa finalité imaginaire primaire, celle d'acheter des matériaux. par contre elle m'a permis d'acheter 5 billets pour ensuite pouvoir les offrir aux gens.
l'autre but, simple, m'approcher aux gens en nous donnant le temps pour dialoguer, pour échanger du vécu.
j'ai parlé au début du net. dans le net, c'est facile de trouver des forums de chats ou les gens se concentrent pour y se rencontrer. mais dans la rue ça n’arrive presque jamais, d'aller a la rencontre d'un inconnu et de parler des sujets essentiels.
on dirait que le web élimine tout coûte, tout effort pour accéder aux choses.
comment pouvoir mélanger des individus qui ne se connaissent pas autour des questions sur l'existence?
je teste aussi.

de la première rencontre, dans une avenue de cavaillon:
bonjour madame!
-bonjour (dubitative)
est-ce que je pourrais discuter avec vous pour quelques minutes?
-ouais...
au fait je me demandais pourquoi est-il difficile d'aller a la rencontre d'un inconnu?
-oui, oui
de pouvoir s'arrêter, comme nous en ce moment, et discuter tranquillement et se connaître.
-eh bien, vous savez, il y a beaucoup du mal dans la rue
et pourquoi vous croyez ça?
-je ne sais pas, mais on doit se méfier. vous savez? l'autre jour, le mari de ma soeur a pris un stoppeur, qui a sorti une arme.
nooon!!
-et oui, il était hollandais en plus. ils se sont arrêtés dans un magasin et il a sorti son arme pour voler le magasin!!
incroyable!
-après la police est venu en faisant des problèmes à mon beau-frère, mais finalement il ne connaissait pas le hollandais. il a voulu juste lui aider en lui prenant, mais il a pu la payer cher!
et vous prenez de gens qui font du stop?
-ahh non! même pas si je suis avec mon mari.
et vous l'avez faites avant, dans votre jeunesse?
-non plus.
on peut dire que notre système économique a changé nos rapports sociaux?
-je pense oui.
par exemple, le problème de la migration, est-ce qu'elle a répercuté sur le fait d'avoir peu de confiance chez l'autre?
-malheureusement oui. mais dans mon quartier il y a des gens d'autres pays mais ils y ne font pas de problèmes. ils ne sont pas tous méchants.
bon madame, pour vous remercier de ce moment, j'aimerais vous offrir un ticket pour aller au théâtre.
-ahh non, je ne peux pas!
oui madame, je vous l'offre, sans attendre rien en échange. c'est déjà payé.
-non, je ne peux pas. mon mari souffre d'une maladie grave... le cancer, vous savez! et demain matin, on part à la campagne.
dommage!
-oui, on a une maison à la campagne et la il retrouve une tranquillité pour affronter sa maladie.
oui bien sûr, je comprends.
-c'est dommage, mais je ne peux pas.
bon, en tout cas merci pour s'avoir arrêté.
-non, merci à vous.
bonne soirée!
-bonne soirée à vous!

de la deuxième rencontre, dans la cafétéria de la scène nationale de cavaillon:

monsieur bonjour, est-ce que je pourrais m'asseoir avec vous?
-oui bien sûr.
vous êtes venu voir quelque chose en spécial?
-je suis venu voir un ami.
vous vous appelez comment?
-++++++
je suis jose, enchanté!
-enchanté aussi
bon, vous savez... toute à l'heure, j’étais dans la rue en essayant de discuter avec les gens et c'est tellement dur. pourquoi vous croyez que c'est difficile s'approcher aux gens qu'on ne connaît pas?
-effectivement, il y a plusieurs facteurs je pense mais déjà, vous venez d'où?
je suis péruvien.
-je pense que, dans votre culture, le rapport a l'autre change aussi.
oui, mais ici, même si je me sens très sociable ou avec une facilité pour aller rencontrer des gens, dans la rue toute à l'heure, c'était difficile.
-vous savez, les gens ils se méfient beaucoup maintenant.
pour plusieurs, c'est plus normal parler dans les forums de chat sur le net que de parler dans la rue. on dirait que, derrière un écran, les gens se sentent plus surs.
-effectivement... excuse-moi, mon ami est là. je reviens...
(il est jamais revenu)

de la troisième rencontre, dans le théâtre de la scène nationale de cavaillon:
monsieur bonjour!
-bonjour
permettez-moi me présenter, je suis jose
-enchanté, je suis ++++++
vous êtes venu voir les protocoles meta?
-non, je suis venu acheter des tickets et j'ai vu qu'il y avait antonio negri donc je suis resté pour voir tout ça.
vous lui connaissez par votre travail? ou seulement intérêt personnel?
-je suis sociologue donc j'ai lu des choses sur lui.
et vous avez déjà visité les différents dispositifs?
-pas tout mais je suis surpris, oui!
est-ce que je peux vous proposer quelque chose?
-oui
alors, juste parler avec vous sur le fait que les personnes ne se parlent pas trop. je me demande le pourquoi. pourquoi pour plusieurs c'est facile d'aller dans les forums de chat et rencontrer des gens. vous ne trouvez pas ça bizarre?
-oui, vous avez raison.
et dans la rue, personne se parle par exemple. personne ne s'arrête un moment pour parler de n'importe quoi avec un inconnu.
-c'est vrai ça.
moi je trouve que notre contexte a dévalorisé la façon de s'approcher aux gens. je parle du contexte économique et notamment le système implante, le capitaliste. il y a tellement du décalage ou d'écart entre les classes que les gens se méfient de tout, surtout de celui qui n’appartient pas à sa classe socio-économique.
-et vous faites quoi?
je suis étudiant en arts plastiques.
-vous présentez quelque chose ici?
une situation de partage. je suis plus intéressé à la corrélation directe avec les gens. et là, j'aimerais vous offrir un ticket pour aller au théâtre.
-ah merci, c'est très gentil. mais pourquoi vous faites ça?
je vous ai parlé sur le système économique. je pense que la gratuite c'est une façon d'inverser ce système. donner sans attendre quelque soit. en offrant des choses, j'élimine la valeur monétaire que reine dans le système.
-et c'est pour quand le spectacle? car je pars faire de la randonné avec ma famille bien tôt.
ça sera pour ce lundi.
-ah, ca va alors. c'est très sympathique de votre part. merci beaucoup.
ben, de rien monsieur. merci a vous! bonne soirée!
-à vous aussi.

de la quatrième rencontre, dans la cafétéria de la scène nationale de cavaillon:
-je peux m'asseoir avec vous?
bien sûr madame! tenez une chaise
-merci
vous avez déjà mange?
-oui merci. c'était bon.
ahh oui! c'était le village qui a fait le repas, vous connaissez?
-oui, je connais.
vous vous appelez comment?
-++++++++
moi je suis jose, enchanté
-enchantée!
vous étiez dans la conférence madame?
-oui, je suis venue express pour ça. je participe souvent aux activités de la scène nationale.
vous habitez ou?
-à l'île sur sorgue.
ah c'est bien! et vous vous intéressez par des activités artistiques?
-oui bien sûr. quand étais jeune étais chorégraphe.
ahh, génial!
-mais maintenant je ne peux plus le faire. je me repose maintenant, mais ça me plaît de suivre les différentes activités qui se font.
carrément. je suis étudiant en arts plastiques. on peut dire que je fais de la performance et, dans mes recherches, j'ai trouvé beaucoup des références qui viennent du domaine de la danse. dès qu'on travaille avec le corps c'est comme ça.
-oui, tout à fait. vous avez présenté quelque chose aujourd'hui ?.
pas vraiment. j’étais dans la recherche des gens pour pouvoir discuter avec eux, de façon qu'on puisse se connaître. c'était dur.
-ici dans le théâtre?
ici et dans la rue. j'ai trouvé que les gens ont peur de parler avec un inconnu. vous ne trouvez pas que les rapports sociaux se sont dévalorisés?
-je pense, oui. on a peur à se reprocher de l'autre. et comment vous êtes venu en france?
bon, depuis 8 ans que je voyage. d'abord j’étais à cuba pour étudier les arts aussi. là-bas j'ai rencontré une française qui m'a aidée pour venir ici. je parlais le français déjà donc je suis venu.
-et vous aimez la france?
oui, mais pas toute à fait aix en provence, ou j'habitais au début. c'est une ville étrange.
-je ne connais pas. je n'ai jamais passé par là. je sais que c'est une jolie ville.
oui, effectivement mais je n’aime pas l'ambiance. maintenant j'habite à marseille, ou le contact avec l'autre se produit plus souvent justement.
-et vous contez rester en france?
je ne sais pas. déjà finir mes études et puis rester deux ans en europe pour faire des résidences. mon envie se de rentrer chez moi avec un travail plus mûr et avec un bon réseau des contacts pour pouvoir faire des projets là-bas.
et vous madame? vous connaissez l'amérique latine?
-pas vraiment. je suis partie qu'en europe. en ce moment je vais souvent à paris car ma fille habite là-bas. elle fait de la danse aussi.
ahh, comme vous!
-un peu, oui!
bon madame, pour ce moment de dialogue qu'on a eu, j'aimerais vous offrir un ticket pour un spectacle de théâtre. ici même, le lundi soir.
-ohh merci!
c'est un aspect de réflexion de mon travail aussi, sur la gratuite des choses. j'aimerais annuler tout transaction monétaire ou en tout cas l'explorer, la détourner pour en réfléchir sur elle.
-c'est intéressant!
donc tenez, vous êtes invite de ma part.
-merci beaucoup. vous êtes très gentil. je dois vous informer après?
ahh, si vous voulez, pourquoi pas! je vous donne mon mail et vous pouvez m'écrire si vous aurez envie de partager vos sensations après le spectacle. tenez!
-merci merci. je vous souhaite une bonne soirée. je vais voir dedans le théâtre, un nouveau tour.
ok madame, merci à vous et à bien tôt.

de l'avant dernière rencontre, dans un lidl de cavaillon:
monsieur bonjour
-bonjour
est-ce que je pourrais vous offrir quelque chose?
-ouais... (dubitatif)
je suis étudiant ici et j'ai une réflexion autour de la rencontre, sur le fait que personnes qui ne se connaissent pas ont du mal pour s'approcher, sur le pourquoi de ça.
et aussi sur la gratuite des choses, sur le don entre deux personnes qui ne se connaissent pas.
(silence de sa part)
ça vous paraît bizarre?
-oui, c'est rare de recevoir des cadeaux.
on est dans un système où faire des cadeaux sans rien attendre c’est rare.
-effectivement
bon, j’aimerais vous donner une entrée au théâtre.
-ah non, désolé mais je n’aime pas le théâtre.
vous ne devez rien payer
-oui mais nous on n’aime pas le théâtre (sa femme pendant tout ce temps-ci était un peu éloignée)
et pourquoi ? Vous travaillez de nuit peut-être ? Vous n’avez pas le temps ?
-je ne sais pas, mais on n’y va pas donc je préfère que vous offriez ce billet a quelqu’un qui aime le théâtre.
ok, bon, merci
-merci

de la dernière rencontre, dans un lidl de cavaillon:

bonjour monsieur, excuse-moi
-oui ?
est-ce que vous aimez le théâtre ?
-ahh oui, beaucoup !
parce que j’aimerais vous offrir quelque chose. en fait je réfléchis sur le fait que, dans notre contexte, c’est difficile d’établir une conversation avec un inconnu.
-oui, effectivement !
les gens ont peur si quelqu’un vient les parler.
-ah oui, tout à fait.
on peut dire que notre système économique a fait une influence sur les rapports sociaux ?
-je pense que oui, les gens se sentent en insécurité.
et se faire des cadeaux aussi c’est rare, non ?
-je ne sais pas. Vous savez ? Avec mes amis, on a un système de troque et on se fait plaisir avec ça.
oui, mais recevoir des cadeaux de la part des inconnus.
-ahh oui, ça ce n’est pas fréquent.
voilà, on est très méfiants de l’autre.
-moi, j’étais médecin. maintenant je suis à la retraite. mais avant j'ai aide des gens des différents nivaux.
c'est bien ça.
-mais je pense, en vous regardant, que vous avez senti quelque chose d'abord en moi, pour venir me parler.
peut-être.
-donc ce n’était pas difficile. peut-être avec d'autres personnes mais pas avec moi. vous venez d'où?
du pérou
-vous parlez vraiment bien le français. je connais des gens qui sortent du lycée, des écoles et qui ne parlent pas comme vous. depuis quand vous parlez le français?
depuis petit, quand j'avais 6 ans. puis j'ai habité avec des françaises. j'ai eu une copine française aussi, avant de venir ici.
bon, donc, je vous offre ce billet, pour lundi soir. vous arrivez, vous prenez une place et voilà. cette pièce était conçue après des discussions avec des gens d'une cite, autour les problèmes familiaux. pour moi, vous offrir quelque chose c'est vu comme un inverse au système économique ou on habite, au système d'achat et le faire ici, dans un magasin, ou on vient que pour acheter des produits, je trouve bien et nécessaire.
-en tout cas c'est très gratifiant des rencontres comme ça. vous avez amélioré ma journée. ça arrive rarement. merci beaucoup. c'est émouvant!
merci a vous monsieur. bonne soirée!

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8.12.07

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Salut Jean !
J’avais écrit mon texte à la main parce que je n’ai plus d’ordinateur depuis un moment mais j’ai perdu le papier, il y a deux jours donc je suis obligé de tout réécrire. Rien dans cette vie est par hasard donc heureusement je me retrouve dans une situation ou je dois revisiter mes idées et reformuler ma pensée. Encore une fois, heureusement ! car je me sens plus clair et plus sur par rapport au jose de la lettre.
En fin. Je te racontais un peu mes difficultés dans cette année. J’avais perçu, comme on avait parlé dans la première session P LOT, que mon travail prenait deux axes et que je n’arrivais pas à bien me placer face à eux. J’étais perdu en essayant de lier ces deux univers quand, peut-être, ils sont deux choses complètement parallèles et que ne peuvent pas forcément s’articuler. En tout cas, pas dans le contexte actuel.
La question du point de vue était déjà visitée par plusieurs artistes depuis tant d’années et ils ont bien réussi dans ces recherches et dans leur produit final que je ne voulais pas continuer. Le geste, même répété, reste vierge, mais j’avais l’impression de ne pas découvrir des choses nouvelles ni excitantes. Surtout que je trouve ce travail des carrées trop fixe. De l’autre coté, l’atelier méta m’a permis de reformuler différents aspects sur le statut de l’artiste et de l’oeuvre d’art que je trouve nécessaires et qui vont ensemble à mes réflexions quotidiennes. On peut dire que mon esprit trouve une ouverture complète quand je rentre dans l’expérimentation des choses et des situations. Mon esprit, il se déploie du moment que je touche d’autres domaines d’action. Et c’est ça ma recherche personnelle, réinventer le public et les espaces d’actions. En plus, je sens que je dois revendiquer ma place dans la société, dans un monde qui a besoin de médiateurs plutôt que d’artistes.
Depuis petit j’ai fait de la peinture. Quand j’ai quitté le Pérou pour aller à Cuba, je suis partie avec le désir de ne pas limiter mon travail sur la surface du tableau. Je voulais « peindre le monde » pas seulement qu’avec des pinceaux. Et a Cuba, à cause du régime, j’ai commencé à me débrouiller pour travailler avec n’importe quel matériel qu’on trouvait dans la rue. Une prise de conscience sur la pauvreté et sur le fait de créer avec peu. Pas besoin d’achats ni de dépenser de l’argent pour créer. C’est une économie riche des moyens pour une amélioration créative. C’est prouvé de toute façon, que c’est face à l’adversité qu’on devient plus sensibles à l’invention. À mon arrivée en France, j’ai voulu faire « parler » mes pièces. C’est l’observateur qui active l’ouvre, bien entendu, et c’est lui qui rentre en dialogue avec la pièce aussi. Je me demande, quel dialogue peut-il y avoir entre un tableau et le spectateur ? Ok, il y a du sens qui se transmit, que circule oui, mais est-ce que le tableau, après avoir été émetteur peut-il devenir récepteur ? À cet instant, il n’y a pas un vrai dialogue alors. Je pense que le spectateur doit devenir aussi émetteur en « rentrant » dans la pièce, en ayant un contact plus proche, plus engagé. Donc pour moi, l’art est en mouvement et participatif. La relation œuvre-public doit s’effectuer en continu et en boucle si nécessaire. On se trouve dans une logique de travail loin de l’objet fixe, de l’objet fini. Car tout dans la vie est en mouvement constant. Le flux, on ne peut pas l’arrêter. Je reviens au tableau. Si c’est moi qui active l’œuvre d’art, avec ma partie psychique, rationnelle, sensorielle, etc., un jour, j’aurai une telle interprétation de l’œuvre et un autre jour une autre interprétation. Comme moi je change, je ne suis plus celui d’hier ni je ne serai plus celui d’aujourd’hui. Pourquoi l’oeuvre doit rester fixe et sans mutation possible ?
Ce qui m’interroge ici c’est aussi le fait de produire et produire sans arrêt. On est dans une époque où la production des oeuvres est de tel magnitude qu’on passe vite à oublier l’important et l’on devient producteurs-archiveurs de ce qu’on aime faire. Moi je préfère dé produire. En plus, pour organiser il faut d’abord désorganiser et pour construire il faut d’abord détruire. C’est comme les définitions qui enferment le récit ou l’expérience dont on peut vivre d’un fait. Je fais beaucoup d’attention quand je veux dire, je t’aime ou quand je veux dire c’est beau. Je ne rigole pas. Et je ne trouve pas logique, comment un sentiment si forte je pourrais l’exprimer avec un seul mot. Comment tout un ensemble de sentiments et des émotions viennent s’enfermer dans un seul mot, et qu’en plus, on prononce si banalement. Mon idée c’est plutôt de REINDEFINIR le monde au lieu de le redéfinir. Pour ça l’expérience on doit la partager, ou la faire revivre car, avec des mots, c’est presque impossible reconstituer un fait. Pour cela, pas de points finals dans un texte ni de conclusions dans une discution car on enferme le récit et il est éternel. Pour ça aussi, mon refus de plus en plus accentué sur la trace dans mon travail. Un art sans signature viendrait bien aussi. L’art, il doit se rendre équitable à tous et il peut se faire pour tous aussi.
Et c’est dans ce contexte que je décide de travailler et prendre la rue comme atelier. Sous l’envie de couper tout limites entre grand public et mon travail. Et oui, l’espace urbain avec toutes ces forces, peut donner vie à mon travail !
Mais non, le fait de se placer dans la rue n’assure pas l’interaction ni la participation que je cherchais. J’ai trouvé là aussi, des difficultés pour la prise de conscience générale.
Il me reste être radical. Il convient de renoncer à l’art si celui-ci est un exercice privilégié et détaché de la vie. Cependant, dé produire peut poser des problèmes dans une institution qui nous demande ça. A vrai dire, c’est que je cherche c’est de m’éloigner de la fabrication d’objets d’art pour passer à la création d’un contexte, d’un événement ou d’une expérience. Dans mes propositions futures, rien aura reçu une forme. Pour le contraire, tout commence à peine se former. Si tu veux, c’est le temps, le lieu, la pensé commune, les corps et le langage qui prendront forme des instruments et matériaux. Pas plus de productions matérielles de l’art de l’artiste sinon une production mentale et immatérielle des spectateurs. Une co-production. Je veux mettre l’accent sur ce point. C’est la collectivité qui va nourrir la proposition, qui va construire « l’œuvre » à partir de l’action en sachant que l’action sera la forme de « l’œuvre ».
Car chaque être humain à ces propres facultés créatrices j’invite toute le monde à participer. Nos aptitudes et nos incapacités vont jouer le rôle créatif, en mouvement, dont le mode d’existence est factuel, événementiel.

9.8.07

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26.7.07

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heterotopias
il y a d'abord les utopies. les utopies, ce sont les emplacements sans lieu réel.
ce sont les emplacements qui entretiennent avec l'espace réel de la société un rapport général d'analogie directe ou inversée. c'est la société elle-même perfectionnée ou c'est l'envers de la société, mais, de toute façon, ces utopies sont des espaces qui sont fondamentalement ou essentiellement irréels.
il y a également, et ceci probablement dans toute culture, dans toute civilisation, des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui sont dessinés dans l'institution même de la société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d'utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l'on peut trouver à l'intérieur de la culture sont à la fois représentes, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables. ces lieux, parce qu'ils sont absolument autres que tous les emplacements qu'ils reflètent et dont ils parlent, je les appellerai, par opposition aux utopies, les hétérotopies; et je crois qu'entre les utopies et ces emplacements absolument autres, ces hétérotopies, il y aurait sans doute une sorte d'expérience mixte, mitoyenne, qui serait le miroir.
le miroir, après tout, c'est une utopie, puisque c'est un lieu sans lieu.
dans le miroir, je me vois là où je ne suis pas, dans un espace irréel qui s'ouvre virtuellement derrière la surface, je suis la-bàs, là où je ne suis pas, une sorte d'ombre qui me donne à moi-même ma propre visibilité, qui me permet de me regarder là où je suis absent - utopie du miroir.
mais c'est également une hétérotopie, dans la mesure où le miroir existe réellement, et où il a, sur la place que j'occupe, une sorte d'effet en retour; c'est à partir du miroir que je me découvre absent à la place où je suis puisque je me vois là-bas.
à partir de ce regard qui en quelque sorte se porte sur moi, du fond de cet espace virtuel qui est de l'autre coté de la glace, je reviens vers moi et je recommence à porter mes yeux vers moi-même et à me reconstituer là où je suis; le miroir fonctionne comme une hétérotopie en ce sens qu'il rend cette place que j'occupe au moment où je me regarde dans la glace, à la fois absolument réelle, en liaison avec tout l'espace qui l'entoure, et absolument irréelle, puisqu'elle est obligée, pour être perçue, de passer par ce point virtuel qui est la-bàs.
michel foucault. des espaces autres (1967)





symétrie inverse du miroir, symétrie inverse dans l'être.
pourquoi nous écrivons avec une seule main ?
en écrivant avec notre main gauche on développe une partie de notre cerveau droit et inversement, en écrivant avec la main droite on développe la partie gauche de notre cerveau.
peut-on arriver à écrire avec les deux mains ?
en écrivant au même temps avec les deux mains, quel sera le comportement de notre cerveau ?
j'ai proposé des exercices d'écriture. pas seulement écrire avec la main que nous n'utilisons pas mais écrire au même temps et symétriquement, en partant du milieu vers les cotés.
quelle sera la réaction de notre cerveau quand t-on écrit avec les deux mains au même temps, inversement et renversement ?
certains spécialistes interprètent notre écriture. ils peuvent indiquer notre personnalité ou notre caractère à partir de ce qu'on a écrit.
on peut en avoir deux personnalités différentes si on écrit avec les
deux mains ?
que se passe t-il dans notre identité si on écrit également avec la main gauche ou la main droite ?
pourquoi ne pas développer équitablement les deux cotés de notre cerveau ?
serons-nous plus efficaces avec les autres taches du quotidien ?

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anamorphismes et l'espace fictif. notre regard a t-il des limites?
au même temps, limiter le regard du visiteur en lui donnant qu'une seule place pour voir.
est-elle une place privilégiée?
qu'elles sont les autres places possibles pour visualiser "la forme" ?
est-ce que cette forme n'est pas formée au même temps par d'autres formes?
la partie et le tout...
détournement d'une partie pour la compréhension de l'ensemble mais l'ensemble est infini...





avec cette projection je développe ma recherche par rapport au trompe l'oeil.
l'idée c'est de donner un mouvement aux formes avant fixes. puis, me donner un obstacle dans la réalisation car en projetant sur un coin, la linéarité se voit transformé.
donc il y a une recherche préliminaire par rapport à l'inclination des lignes, à l'angle de projection par rapport au sol et à la distance du projecteur face au mur.
cette projection rejoint mon travail d'écriture symétrique.
j'envisage la suite avec un miroir dans un mur.



le miroir nous offre un reflet inversé de la réalité.
à marseille, j'ai participé à une marche.
ma proposition c'était une lecture des panneaux de noms des rues par lesquelles on a marché ce jour-là.
comme outil, j’ai utilisé un appareil de photo numérique que m’a servi comme archiveur des panneaux et comme support de lecture à la fois.
mais la lecture s'est fait en marchant de dos, à la fin de la marche, vers le point du départ et en sens contraire de la lecture classique, ça veut dire, en commençant par le dernier mot du nom de la rue... comme mon idée du miroir.

4.6.07

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30.5.07

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CABANE, un projet d’anne collod et mathias poisson.
comment proposer l'expérience d'un groupe qui soit liens et structure mobile, reconfigurable, et donner à voir un groupe en mouvement dans sa dimension
structurelle, imaginaire et sociale ?
comment donner à voir un lieu à travers la présence et le déplacement d'une forme hybride mi-humaine, mi-plastique, éphémère et changeante ?
comment créer un espace d'intimité et d'intériorité en milieu ouvert, qui soit perméable et partageable ?
à partir des ces réflexions, j'ai participé à cette proposition: construire des cabanes, des chorégraphies, par la mise en jeu des partitions.
à la fois, une expérimentation des différents objets/matériaux, en gardant lien avec le site et l'ensemble du groupe.
créer des cabanes vivantes et en mouvement, reconfigurations permanentes, que s'articulent avec l'environnement. c'est aussi créer des "structures", un réseau des liens, des lignes et des signes.
une dimension symbolique s'impose à la dimension fonctionnelle de la cabane.
pour citer roland barthes, être cabane c'est être "à la fois corps et monde... espace de l'intériorité pacifiante, le luxe de la cabane vient de sa liberté: structure soustraite à toute norme, à tout pouvoir"














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je suis en charge de mesurer l'espace de la galerie afin de souligner leurs dimensions et rendre visibles leurs distances.
souligner les éléments qu'y cohabitent... souligner un temps... souligner l'oubli... ou un passage.
llllllllllllllllllll1.56 d'ettirementlllllllll
signification de l'espace... mesurer le vide... figer l'espace.
quelle est la mesure de l'existence?
quelle est notre place face aux trois mètres du béton d'un mur?
est-elle la même place face aux dix centimètres de la feuille d'une plante?
llllll0.80 de rencontrelllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
llllllllllll2.90 d'objetsllllllllllllllll

tel qu'un arpenteur, je mesure la terre, je trace des lignes et je prends note.
lllllllllllllllllll0.75 de reposllllllllllllllllllllllllllllllll
quelle forme prend l'incommensurable?
lllllllllllll3.16 de préscencellllllllllllllllllllllllllllll
j'ai demandé aussi, aux visiteurs, de mesurer une partie de leur corps et laisser cette mesure dans l'espace.
comment vont-ils interpréter leur place, voir son existence, dans le lieu?
à côté d'un élément, en communion, ou ils vont se placer loin de tout, cachés et solitaires?
lllllllllll0.06 de reductionllllllllllll
sens politique et social. les lignes d'arpentages traduites comme des frontières ou des limites?
une action poétique pour mieux nous situer dans le monde qui nous entoure et prendre conscience de l'échelle des choses environnantes.
llllllllllllllllllll0.78 d'accrochagelllllllllllllllll
llllllllllll3x0.69 de tripiedsllllllllllllllll
llllllllllllllllllllllllllllllllll0.16 de lecturelllllllllllll









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in progress

12.3.07

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comment faire pour réactiver un espace ?
en déplaçant ces propres éléments, en les donnant un autre statut, cet espace sera t-il reformé ?
je m’impose une économie pour travailler. économiser certains moyens pour pouvoir prendre tout comme outil, ce que j’ai sur moi ou ce que je trouve dans mon entourage.
reconstituer, faire changer de place, faire changer de fonction, reformer le paysage sans acheter quelque soit c’est aussi reformer un certain système économique imposé.
le fait de prendre tout et de le réutiliser me donne une liberté pour agir.
et dans la liberté pour contempler la nature on trouve une contemplation pour ce qui se cache en elle.
la géométrie est partout et nulle part on dirait.
avec des éléments naturels, j’essaie de montrer un aspect géométrique caché.




9.3.07

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3.3.07

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donner une certaine visibilité à ce que se cache. rendre visible l'invisible.

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27.2.07

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26.2.07

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